mardi 2 avril 2019

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Triste impression parfois de ressasser, de dire toujours les mêmes choses, d’avoir du mal à me sortir de mes petites marottes… Difficulté à parler des films dans toute leur singularité. L’air qui passe dans les studios à la fin du Hollywood classique, j’en ai parlé maintes fois, en utilisant toujours la même expression. De même que ce que j’ai pu dire du dernier film de Dolan (Ma vie avec John F. Donovan), sur les effets, les clichés… C’est encore trop global, il me manque (surtout dans les critiques des films que je n’aime pas) des points d’accroches dans le film, des exemples ou des preuves qui me permettraient d’affirmer « là, ça ne va pas ». La lecture du journal de Jean-Claude Biette (qui porte le nom -à mon avis inadapté- de Cinémanuel) provoque chez moi un sentiment paradoxale : celui d’être trop « léger », de manquer de vocabulaire, et surtout de souplesse et de dextérité dans l’utilisation des mots et la construction des phrases. Chez Biette l’écriture est riche, dense et précise. Lorsqu’il parle d’un film ou d’un livre, même brièvement, on sent qu’il parle de ce film (ou livre), ça n’aurait pu être aucun autre. C’est quelque chose que j’admire, mais qui me renvoie à mes propres lacunes : « Ah ouais, quand même, moi ce que j’écris à côté c’est du pipi de chat… ». Et en même temps ça me stimule. Ça me donne envie d’écrire, de varier mon vocabulaire, de multiplier les angles d’attaques, de raviver des souvenirs, aussi (de films, de scènes, de choses à mettre en lien les unes avec les autres…). Je vois aussi, chez Biette, une capacité à passer tranquillement du général au particulier. C’est ce à quoi j’aspire (je sens que c’est par là, dans ce rapport-là, que se joue mon propre rapport au cinéma aujourd’hui) mais j’ai encore du mal à le faire. Je vois bien les difficultés que j’éprouve à parler avec précision d’un film, mais je me demande si le problème ne vient pas au contraire d’une vue générale pas encore assez vaste, qui me permettrait ensuite de « zoomer » à ma guise. Il me faut lire, et travailler.

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