mercredi 22 janvier 2020

Clubbed to death (Lola) (1996) - Yolande Zauberman

Découvert un peu par hasard ce film-là dont je ne savais rien… L’histoire d’une fille qui, après s’être endormie dans le bus, se retrouve en pleine nuit aux marges de Paris. Le film se trouve dans un paradoxe étonnant, plutôt fécond -en tout cas assez troublant- entre un coté écorché vif et une grande tendresse du regard. La musique et la drogue relèvent artificiellement l’énergie vitale d’un environnement abîmé, isolé, plein de violences dans les rapports qu’il engendre. Mais les personnages se montrent doux les uns avec les autres, d’une douceur parfois agrémentée d’une forme d’agressivité mais tout de même authentique, résultant d’un travail sur soi rendu sensible par le film, que chacun fait à la mesure de ses moyens. La vraie violence qu’on voit est surtout celle des déchirements intérieurs : tous (deux filles, un homme, et deux autres hommes) sont profondément seuls avec leurs sentiments. Rien ne sort, rien ne peut sortir : dehors il fait trop froid, il y a trop de bruit, c’est trop brutal. Mais la douleur intime de cette solitude contrainte est immense. 

Le film fait quelque chose d’assez beau de l’héritage du clip. Il semble effacer tout ce qu’il y a de chichis et d’effets mode (et dans le clip, souvent, il n’y a presque que ça) pour ne garder que les cœurs qui battent au milieu du brouhaha. Et d’un couple dansant sur la piste, et de Béatrice Dalle regardant son amant en embrasser une autre, le film tire la substance tragique d’un monde où être seul avec ses sentiments s’avère inéluctable.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

« La chaleur des meules devint si forte qu’on ne pouvait plus s’en approcher. Sous les flammes dévorantes la paille se tordait avec des cré...