samedi 18 janvier 2020

Promenade dans les rues lumineuses de Rennes, sous le ciel bleu. Un léger vent frais me fait regretter de n'avoir pas mis d'écharpe. Lorsque je m'écarte des encombrements sonores du centre ville, j'entends des cris de mouettes se mêler aux chants des oiseaux dans les arbres alentours. J'aime les entendre, ces mouettes ; elles ouvrent la ville à la présence de l'horizon pourtant lointain de la mer. Pas d'étouffement ici, Rennes est aérée et hospitalière. Je passe souvent devant des immeubles en travaux. Il parait que la municipalité s'est engagé depuis quelques années dans des projets conséquents de rénovation urbaine. Ça se voit, c'est là. Lorsque je regarde un chantier, même vide, je ne peux m'empêcher de penser aux gens qui y travaillent. C'est étrange cette empathie très forte que j'éprouve à l'égard des artisans et paysans. Je ne sais pas d'où ça vient. Mon nom est associé à la Rennes artisanale : Melaine de Belenos, comme la Vilaine qui traverse la ville, et comme Saint-Melaine qui lui a donné sa bénédiction. Et Meunier pour le métier de celui qui travaille de ses mains pour nourrir le peuple. Je parle des artisans, des paysans : ces corps-là souffrent. De leurs efforts, bien sûr, mais surtout de l'oppression qu'ils subissent depuis si longtemps, qui les détruit, les tue. Il y a des grèves en ce moment, le pays exprime sa colère. Nous sommes dans un devenir-révolutionnaire. Mais une révolution est-elle envisageable ? Que se passera-t-il ensuite ? Que faire de toute cette violence... Je la désire, en tout cas, car je sens un trop-plein qui est insupportable. Nous sommes au bout de quelque chose, il faut que ça sorte. Que ça crie, que ça craque. Ça ne peut se faire que dans la violence. Mais d'une violence que j'espère la moins barbare possible... Une violence libératrice, dont le devenir serait une forme de paix. Passage près des bateaux amarrés sur le bord de la rivière. Fascination instantanée, toujours. L'un d'eux est nommé Nävis. C’est une péniche hollandaise bâtie à Groninguen en 1897, d'un bois ferme, capable de s'adapter au rythme des fleuves qu'il traverse. Il est très beau, je rêverais d'en avoir un comme celui-ci. Me voilà dans un petit parc que je ne connaissais pas, à côté du canal Saint-Martin. Il n'y a pas grand chose : une grande cabane en bois, une aire de jeu pour les enfants, deux ânes dans un enclos, et des étendues vertes. Plusieurs familles sont là, quelques vélos aussi, mais l'ambiance est très calme. Simple et spacieux. Le soleil est de plus en plus bas. J'ai froid aux mains, je rentre à la maison.

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