Vu Comme un torrent (1958) de Minnelli. Première remarque : a-t-on déjà vu autant de personnages aussi beaux dans un seul et même film ? … Pas de réponse ? Bonne réponse. Seconde remarque : il y a quelque chose d’une suprême élégance, qui court du début à la fin en laissant échapper une foule d’infimes variations, bâtissant tranquillement la densité dramatique du film tout en l’ouvrant sur de multiples détails apparemment sans importance mais qui contribuent à créer cette impression formidable que tout existe intensément à l’écran, du corps flegmatique de Frank Sinatra (sublime) au verre de whisky qu’il boit, en passant par les sentiments qui le traversent et prennent place tranquillement dans le plan. Le regard de Minnelli est celui de quelqu’un qui observe de loin mais avec une immense attention, pour laisser vivre chaque personnage tout en accordant à chacun une réelle empathie. C’est cette tendresse distancée qui permet au film de changer de trajectoire sur la fin tout en ne perdant rien de sa magistrale fluidité. Aucune rupture, seulement une souplesse toute musicale. On a rarement vu (sauf chez Preminger) un CinemaScope à la mobilité aussi tranquille, et avec un tel soucis de filmer la relation entre le mouvement des corps et celui des sentiments. Quant au drame qui se joue, beaucoup de choses ont déjà été dites (sur l’étonnant final, notamment)… Pour ma part, je retiendrai d’abord et avant tout la fameuse phrase de Deleuze (parlant de Minnelli), qui résume tout : « méfiez-vous du rêve de l’autre… Parce que si vous êtes pris dans le rêve de l’autre, vous êtes foutu ! ». Et je me souviendrai que cette magnifique traînée au destin tragique (Shirley McLaine) entre dans Comme un torrent en se réveillant in extremis dans un bus, pour ne pas rater le film qui allait commencer sans elle.
dimanche 3 février 2019
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