Vu à l’instant Les bannis de la Sierra (1952), de Joseph Newman. Par moments, j'ai eu l'impression étrange que le scénario allait plus vite que la mise-en-scène, ce qui fait que l'usinage hollywoodien devient particulièrement visible ; toutes les petites combines sont mises en évidence (ex : la musique s'enclenche souvent avant que l'émotion ne prenne corps dans le plan), et il s'en est fallu de peu pour que la recette secrète de l'"art d'usine" soit révélée au grand jour (et son effet anéanti du même coup). C'est un film des petits contrastes (le feu/la neige ; la maison/la tempête ; les femmes en blanc/les hommes en noir), qui fonctionnent un peu mais jamais complètement -n'est pas Tourneur qui veut. Le film d'un dilemme irrésolu, d'un non-lieu à mi-chemin entre une mise-en-scène plan-plan et un scénario précipité, là où ceux qui n'ont pas d'espace propre (les laissés pour compte du western) jouent aux cartes en attendant la fin de la tempête, et celle du film. "Ça nous laisse le temps de faire connaissance !"
Deux belles choses, qui existent singulièrement dans ce petit film pas mal foutu :
- Anne Baxter, qui est au milieu, entre deux rythmes, entre deux hommes, constamment dans le bon tempo et dans le geste juste. Son visage éclaire le film et participe à la mise en lumière de toutes ses composantes (agencées avec plus ou moins d'habileté).
- la bagarre à la fin, dans la brume puis dans la neige : sèche, rugueuse, brouillonne et énergique. Le scénario ralentit, la mise-en-scène s'accélère, et tout concourt à faire de cette scène le moment le plus intense et le plus vrai.
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