Il y a une belle idée dans Amanda, de Mickaël Hers (film par ailleurs clichetoneux et affecté, camouflant son recours fréquent à de petits effets de séductions par une simplicité de façade qui semble conçue pour caresser dans le sens du poil la presse spécialisé et ses lecteurs les plus fidèles). C’est une idée d’ordre météorologique. On traverse différents parcs à différents moments et dans différents états (Lacoste croisant Stacy Martin ; attentat ; rencontre avec la maman à Londres ; les gens se baladant tranquillement après le match de tennis), mais la météo se fiche bien de ces états : le temps et la nature font leurs petites affaires sans se soucier du drame.
Étonnement alors : pourquoi Mickaël Hers, si soucieux de respecter l’intégrité fluctuante de la nature, fait-il peser si lourdement le drame sur ses comédiens ? Vincent Lacoste aurait pu être sublime s’il avait été aussi libre que les nuages, dans un mouvement de détachement sincère où la retenue du corps et du visage est peut-être plus vraie que les larmes du script, frileusement imposées par un metteur en scène qui a trop souvent oublié de regarder ses acteurs.
Une précision tout de même : ni la retenue ni les larmes ne sont une condition obligatoire à la réalisation d’un bon film. Le reproche ici porte sur la captation de l’air, qui passe authentiquement dans le ciel et dans les feuilles des arbres, mais semble nettement plus artificiel -disons préfabriqué- dans les situations, comme si le scénario était rigoureusement appliqué sans tenir compte de ce qui se jouait sur le tournage (oubli des enseignements élémentaires de Bresson).